Comme à chaque fois, l'entraînement avait été intense. Brooke ne différenciait pas les matchs des tournois, pour elle, tout était classé au même niveau : nous devions toujours être montées à bloc, au top du top ! Nos enchaînements devaient être parfaits et ce, peu importe si nous le faisions pour nous seules ou pour la reine d'Angleterre. La brune qui était désormais ma rivale nous autorisa enfin à quitter le gymnase aux alentours de dix-huit heure, et nous partions toutes dans les vestiaires. Je récupérai simplement mon sac et sorti du bâtiment en tenue de pom-pom girl. J'aimais particulièrement mon uniforme et je préférais le quitter seulement chez moi, avant de prendre une bonne douche. Cependant, en sortant du gymnase, je regrettai un peu ma décision puisqu'il commençait peu-à-peu à pleuvoir un peu plus. Cependant, je ne m'en arrêtais pas à la météo et je me mis à marcher en direction de la villa des Dupré. « Alex ! » Je me retournai vivement, faisant voltiger mes cheveux mouillés dans les airs, pour connaître le visage de celui qui m'avait interpellé. Julian. C'était Julian. Pendant l'entraînement, je ne lui avais adressé aucun regard, ni même un sourire et avouons-le, c'était assez extraordinaire. Ces derniers temps, je tentais de prendre mes distances avec lui et j'étais la seule à en connaître la raison. Je restai figée jusqu'à le voir débarquer à mes côtés. « Ça va ? Je te sens distante depuis quelques jours, est-ce que j'ai raté quelque chose ? » Je haussai simplement les épaules avant de lui répondre. « T'en fais pas, t'as rien raté ! » répliquais-je avant de poursuivre ma route. J'espérais qu'il me rattraperait, me ferait m'arrêter et me demanderait des explications car au fond, je voulais de cette discussion.

Après avoir croisé Julian, je décidai de rétorquer froidement à son interpellation et je me mis à poursuivre ma route, pour rentrer chez moi. Je voulais réellement qu'il me retienne, qu'il me demande des explications sur mon comportement. Je m'en voulais d'être comme ça avec lui mais au fond, c'est à lui que j'en voulais le plus. Aujourd'hui était certainement le moment opportun pour que nous parlions de cette histoire. Pas à pas, je m'éloignais un peu plus de lui, sentant la pluie se transformer en averse et atterrir sur les cheveux un peu plus trempés après chaque seconde. Finalement, après quelques secondes, je sentis Julian derrière moi, qui m'attrapa le bras pour me faire m'arrêter. Je me retournai ainsi vivement pour lui faire face, avant de croiser les bras. « Alors il y a un problème Alex et n'essaye pas de me mentir car tu n'y arriveras pas. Est-ce que c'est moi qui ai fait quelque chose de mal ? » Je levai la tête pour le regarder dans les yeux, avant de répondre à sa question. S'il avait fait quelque chose de mal ? « Qu'est-ce-qu'il s'est passé avec Brooke à la soirée, Julian ? » demandais-je, les yeux brillants. Les rumeurs qui courraient m'avaient alertées d'un baiser entre les deux et même plus si affinité. Je voulais vraiment Julian et à cet instant même, il s'agissait certainement de l'homme que je désirais le plus. Sans trop m'en rendre compte, je devenais jalouse envers le jeune homme, ne supportant pas qu'il me fasse du mal pour une autre fille.

Alors que je ne pensais jamais pouvoir en être capable, je venais d'engager le sujet Brooke avec Julian. J'avais osé lui demandé ce qu'il s'était passé entre eux à la soirée car j'étais curieuse de savoir. Les rumeurs qui avaient fait le tour du lycée ne m'avaient pas laissées de marbre, j'avais même été déçue de Julian. S'il l'avait embrassé ou même couché avec elle, je ne pouvais pas laisser passer la chose car malgré ce que je prétendais dire, je m'étais réellement attachée à Julian, plus qu'amicalement. « Oh.. » répondit-il, de façon des plus ordinaires. J'ouvrai un peu la bouche sans pour autant prononcer un seul mot, il n'avait que ça à rétorquer ? Sérieusement ? Je passai mes mains dans mes cheveux humides, essuyant au passage les nombreuses gouttes d'eau qui étaient tombées sur mon front. Finalement, il finit par poursuivre. « Je pensais que ce n'était qu'un simple jeu entre nous et que ça ne te dérangerai pas forcément que je me rapproche d'une autre fille. » Voilà. Clairement, je m'étais grillée. Je ne souhaitais pas montrer mes sentiments mais avec Julian, je ne pouvais pas non plus les cacher. Son rapprochement avec Brooke me dérangeait et il fallait que je lui avoue ce que je ressentais pour qu'il comprenne ma situation. « Au début, Julian ! C'était un simple jeu au début ! » Voilà un mois que nous étions rentrés dans ce jeu de séduction mais au fil des jours, je me mettais à ressentir quelque chose de plus intense qu'une simple attirance. Je fus incapable de lui avouer, je ne pouvais pas me le permettre. Et si ce n'était pas réciproque ? Et s'il se foutait bien de ce que je ressentais ? Et s'il ne souhaitait pas autre chose avec moi ? En me posant ces tas de question, une larme venu couler le long de ma joue, se mêlant avec les gouttes d'eau.

Au fil des jours, je m'étais réellement attachée à Julian, et ce même si je refusais de me l'avouer. La jalousie que je ressentais quant-à sa relation avec Brooke me prouvait bien que je ne voulais plus d'un simple jeu de séduction. A présent, je ne désirais plus seulement le corps de Julian puisque maintenant, je voulais également son cœur. Je ne souhaitais pas lui parler tout de suite de ces sentiments naissants mais sans le vouloir, je lui avais quand même avoué, de façon un peu détournée. Mais il avait compris. Il savait donc ce que je pensais de lui, ce que j'espérais de nous. Je sentis son pouce venir caresser ma joue, essuyant les larmes mêlées à la pluie qui y avaient glissées il y a quelques secondes seulement.  « Alex.. Je suis désolé si je t'ai fait du mal mais ce n'était pas mon but. Tu es une fille géniale et c'est d'ailleurs pour cette raison que je me suis intéressé à toi. » Sur ces mots, je poussai un léger soupire. C'était le genre de phrase qu'on balançait à ceux qu'on voulait refouler, et je le savais bien car j'avais déjà refoulé un grand nombre de garçons qui ne m'intéressaient pas. J'avais l'habitude de choisir mes proies, de les avoir et de les laisser sans scrupule par la suite, du genre histoire d'un soir, j'te prends et j'me barre. Une salope, avez-vous dit ? Non, seulement une fille qui protège son cœur. Sauf que ce jour-là, j'avais bien l'impression d'être complètement dénudée devant Julian. Il savait que je savais qu'il savait. Je savais qu'il savait que j'avais de réels sentiments à son égard. Du moins, il l'avait certainement bien compris. Et voilà, je me sentais  baisée, blessée. Comment avais-je pu ouvrir mon cœur à un garçon qui s'était tapé ma rivale une semaine plus tôt ? Mais contre toute attente, Julian m'embrassa. Et à ce moment-là, j'oubliais toutes mes questions, j'oubliais Brooke, j'oubliais le monde. Prise de court ou pas, peu importait, je profitais pleinement du moment présent. Mes mains s'étaient amenées jusqu'à sa nuque, et je prolongeai le premier baiser qui se fit entre Julian et moi, qui était tant magique qu'exceptionnel et tant exceptionnel que parfait. Après quelques secondes, je finissais par me détacher un peu de lui. Le regard levé et un sourire grandement porté des lèvres, je ne pouvais pas lui cacher mon ressenti sur la situation. « Rassure-moi, dis-moi que t'as pas bu et que t'es pleinement conscient de tes actes. » lui dis-je en essayant de me faire entendre malgré l'averse qui frappait abondement contre nous.

Ce sourire. Son sourire. J'en étais complètement dingue, sa façon de rire était tellement craquante. Il était beau, putain, tellement que je me demandais bien ce qui lui avait pris de m'embrasser. « J'en avais simplement envie Alex.. » Et comment résister aux lèvres désirées ? Nous étions dans un cadre complètement idyllique, il pleuvait averse, nous étions en plein milieu de la route et plus rien ne m'importait à présent. C'était un instant privilégié et pendant quelques secondes, il n'y avait que lui et moi qui comptait dans ce monde.  « Tu sais Alex, je n'ai pas voulu m'attacher a toi pour éviter de souffrir. Tu aimes plaire et jouer avec les hommes, tout le monde est au courant et je n'aurais pas supporter faire parti de tes objets sexuels comme tous les autres. » Il me connaissait. Trop bien. Plus que ce que je ne le pensais. Mais aujourd'hui, j'avais envie de lui crier que depuis que je m'étais intéressée à lui, je n'avais voulu sortir avec personne d'autres. Pour la première fois, je me pensais attachée à un homme, autrement qu'amicalement et c'était une toute nouvelle sensation. Mes mains étaient encore derrière sa nuque trempée, et je levais la tête pour pouvoir le regarder, dans les yeux.  « Mais toi t'es différent.. » lui avouais-je, alors que la pluie me tombait sans cesse sur le visage. C'était l'une des phrases que beaucoup de traînées utilisaient pour pouvoir se taper les mecs les plus canons du bahut mais moi, c'était la première fois que je disais ça à un garçon et surtout, c'était la première fois que je parlais aussi sincèrement. Julian était différent, tellement différent.

C'était la vérité, la pure vérité. Julian était différent. Différent de ceux que je connaissais, différent des autres. Le bonheur pétillait dans ses yeux et à travers son sourire parfait. Et moi, j'étais encore plus heureuse de le voir dans cet état. « Ça ne serait pas une mini déclaration que tu es entrain de me faire par hasard ? » Il avait certainement raison, j'étais probablement entrain de m'ouvrir à lui, peut-être trop d'ailleurs. Mais l'entendre clairement, ça me fit redescendre sur terre. Je ne comptais pas jouer la fille romantique toute la soirée, c'était un simple moment privilégié. Alors le visage levé, je continuais de le regarder dans les yeux. « Jamais Julian. Tu n'auras jamais de déclaration de ma part. » lui glissais-je à l'oreille. Tout le monde sait qu'il ne faut jamais dire jamais, pas vrai ? Et moi la première. Quand je m'attachais à une personne, il ne me fallait pas plus que quelques simples jours pour ne plus vouloir la lâcher. Malheureusement, j'étais l'une de ces personnes qui devenait rapidement dépendante à une quelconque personne ou un quelconque objet. Et Julian s'en rendrait certainement vite compte.. D'ailleurs, je souhaitais moi aussi connaître son ressenti sur la situation, ce qu'il pensait de tout ça. Alex rime avec compliqué et je me posais à ce moment-là des tas de questions que je n'osais lui poser. Je décidai ainsi de garder tout ça pour moi pour le moment..

« Jamais Julian. Tu n'auras jamais de déclaration de ma part. » me glissait Alex à l'oreille alors que je riais légèrement à sa remarque. Elle avait prononcé le mot jamais et tout le monde savait que  jamais finissait toujours par arriver un jour. J'aimais la difficulté, l'inacessible et l'impossible et les paroles de la jeune femme m'encourageait encore plus à franchir le stade de notre relation actuelle. « J'ai entendu quelque part qu'il ne fallait jamais dire jamais. » Répondais-je à celle-ci toujours avec mon petit sourire aux lèvres. « La dernière fois que j'ai entendu une phrase comme ça, c'était dans un film et je te signale que la fille et le garçon finissent ensemble, alors. » terminais-je en haussant les épaules. J'aimais bien prendre des passages de film comme référence, j'étais avant tout un grand passionné de cinéma et utiliser des répliques issu de film me passait souvent par la tête. La pluie devenait de plus en plus forte et je commençais réellement à ressentir le froid. Mes vêtements étaient complètement trempés tout comme mes cheveux d'ailleurs mais je me trouvais toujours face à Alex à discuter et à contempler ses grands yeux. « Et voilà, je crois que je vais attraper une pneumonie et tout ça par ta faute. Merci Dupré. » concluais-je en plaisantant avant de regarder mes habits humides. Après tout, j'étais assez soulagé d'avoir discuté avec Alex de notre relation et du froid qu'il y avait pu avoir entre nous ces derniers jours. Elle était indispensable pour moi et nos moments de complicités devenaient de plus en plus important pour moi.

Je savais bien qu'employer le mot "jamais" aurait des échos. C'était le mot que tous disaient mais que personne ne respectait, et honnêtement je n'étais moi-même pas convaincue en le prononçant.  « J'ai entendu quelque part qu'il ne fallait jamais dire jamais. » Julian pensait visiblement la même chose que moi, et il avait raison. Il ne fallait jamais dire jamais sous peine de trahir ses paroles. « La dernière fois que j'ai entendu une phrase comme ça, c'était dans un film et je te signale que la fille et le garçon finissent ensemble, alors. » Je fis un petit sourire en coin, j'aimais entendre Julian prendre des références cinématographiques pour exemple. Nous étions tous les deux passionnés de cinéma et ça se ressentait parfois dans nos dialogues, d'ailleurs, en plus d'être un point commun, nous savions que ça nous liait encore plus. « Mais...c'était un film ! » répliquai-je comme provocation. Même si la scène se reproduirait certainement dans la réalité, je préférai ne pas lui donner raison trop vite. J'avais des sentiments pour Julian, et je pensais même en tomber amoureuse jour après jour mais il était hors de question que je lui fasse une déclaration digne de films à l'eau de rose. Je rêvais d'une histoire romantique, mais il fallait laisser le temps faire et ne certainement pas précipiter les choses. La pluie continuait de tomber de façon abondante tout autour et même sur nous, et nos habits et visages le ressentaient bien. Trempés de la tête au pied, Julian fit une remarque qui me décrocha un rire. « Et voilà, je crois que je vais attraper une pneumonie et tout ça par ta faute. Merci Dupré. » Je souriais presque fièrement. « Oh mais de rien, c'était même fait avec plaisir. » Et puis entre nous, la pneumonie en valait la peine. Nous avions échangés notre premier baiser et éclairci les choses entre lui et moi, rien n'aurait pu être mieux. « Et puis, je serais toujours là pour te réchauffer, au besoin. » rajoutai-je en me mordant la lèvre inférieure suivi d'un grand sourire. C'était donc officiel, le jeu de séduction et de provocation entre Julian et moi ne s'arrêterait donc jamais !

« Mais...c'était un film ! » me répondait-elle alors que je venais de faire une référence à l'un des nombreux films que j'avais pu regarder. Elle avait énormement de répondant et sa réponse me fit d'ailleurs légèrement sourire. « C'est une question de temps, je sais que tu finiras par être folle de moi. » répondais-je à la jeune femme, la taquinant. C'est ce que j'aimais le plus dans notre relation. Nous prenions tout au second degrés, et la brunette savait parfaitement comment jouer avec les mots. Elle était bien plus intelligente qu'elle paraîssait, et ça, je l'avais bien remarqué. Alors que je la remerçiais d'avance de tomber malade, celle-ci décida encore une fois de jouer la carte de l'ironie ce qui me fit d'ailleurs assez rire. « Oh mais de rien, c'était même fait avec plaisir. Et puis, je serais toujours là pour te réchauffer, au besoin. » un petit sourire au coin se dessinait petit à petit sur mes lèvres. Ses paroles me rendait fou, Alex était très forte à ce jeu là. « Dans ce cas, ça ne me dérange pas de tomber malade. » reprenais-je rentrant parfaitement dans le jeu de mon interlocutrice. Et puis c'était vrai que cette pneumonie en valait la peine. Nous avions échangés notre premier baiser et j'en raffollait déjà d'autres avant apprécié la façon dont la brunette embrassait. « Tu veux que je te dépose chez toi ? C'est sur mon chemin et vu comment la pluie est entrain de tomber, tu n'as pas d'autres choix que d'accepter. » concluais-je avant de sortir les clés de la voiture à Keith et d'y appuyer pour ouvrir les portières avant.